Une déclaration d’amitié.
“Je réfléchissais à un truc.
Tu vois comment nos parents privilégient la sécurité et la survie sur la réalisation des rêves? Comment ils ne comprennent pas qu’on veuille pas s’enterrer dans un boulot stable et qui rapporte, alors que c’est la crise, et qu’à leur époque, ils avaient pas de rêves.
Pour ma mère, c’est la même logique dans les relations : Quand tu es avec quelqu’un·e, ça doit être pour la vie. Elle m’a même sorti que les gosses, c’est pas pour la vie, après vingt ans c’est fini, alors que “un homme c’est pour la vie”. Ben, ça aussi c’est une question de survie : Si tu te retrouves seul·e à trente ans parce que tu l’aimes plus, que vous n’avez plus rien en commun, que vous ne faites plus l’un·e de l’autre une meilleure personne, ben tu vas galérer pour trouver quelqu’un·e qui veuille bien de toi, tout le monde sera déjà casé·e! Donc en gros, il faut “trouver le bon et le garder”. Si tu te retrouves seul·e, tu vas crever seul·e, souffrir seul·e, vieillir seul·e, et ce sera encore pire vu que t’auras pas de gosses (dans mon cas). Tout sera plus dur, tu n’auras personne pour te soutenir financièrement. C’est ça, la survie selon nos parents : un boulot stable et une relation monogame stable pour la vie.
Alors, je me dis, oui, c’est vrai, on vit aujourd’hui dans une société hyper-flexible, mobile, instable, précaire (merci le capitalisme). C’est ça l’insécurité, c’est ça qui pousse à la survie. Mais j’en veux pas de leur modèle de survie. Toi non plus. Donc quelle stabilité avoir dans nos vies?
J’en n’ai rien à foutre des pseudos-solutions individualistes de hippies bobos du genre allez en psychothérapie et faites de la méditation. Je pense que oui, on a besoin d’engagements dans nos vie. Nos parents on peur parce qu’iels pensent qu’on s’engage moins qu’à leur époque. Je ne sais pas si c’est vrai, et je me méfie un peu de cette idée à cause des réponses réacs qu’elle amène généralement.
Ma réponse, c’est : les ami·es. La loyauté en amitié. D’ailleurs, ça me frappe, mes parents ont pas d’ami·es. Ma mère a une amie, elle la voit même pas une fois par an. Au lieu que ce soit l’amitié qui l’aide face au coups durs, c’est les coups durs qui l’éloignent de l’amitié. Je sais pas si c’est comme ça pour tes parents. Je sais pas si c’est un truc qui s’est cassé à l’âge adulte, où si ça n’a jamais été important à leurs yeux. Mais je veux jamais laisser tomber mes ami·es et je les laisserai pas partir “comme ça”. Et j’attends la même chose d’eux.
Je veux pas des relations hypocrites et superficielles que je vois trop souvent entre adultes de leur génération et qui me font vomir.
T’es une vraie amie et je te laisserai pas tomber”